Quelques minutes après la belle victoire du XV de France face à l'Angleterre (22-9), les Bleus affichaient la satisfaction du devoir accompli, et posaient déjà un regard lucide sur leur prestation. Parmi eux, Yannick Nyanga, l'un des meilleurs Tricolores sur le terrain (photo), revient sur les faits marquants de cette rencontre, et estime que les bases du jeu français sont solides. De bon augure à trois semaines de la Coupe du monde.
«Yannick Nyanga, quelle votre première impression sur cette rencontre ?
Cela s'est bien passé je pense, même si on a encore des approximations dans le jeu. On a fait le SMIC, c'est-à-dire une bonne défense, de l'envie. On a fait pas mal de fautes, c'est vrai, mais ce n'est qu'un match amical, et ça sert à ça, il faut effectuer encore les derniers réglages. On est très contents du résultat, et dans l'ensemble, le bilan est positif. On a mieux fini le match qu'eux (les Anglais, ndlr), et à l'heure de jeu, on a vraiment commencé à prendre le dessus. Mais il faudra faire encore un peu plus si on veut être parfait. C'est le souci du détail. Si on aspire à être champions du monde, il faut tendre le plus possible vers le match parfait.
Comment jugez-vous la performance de la troisième ligne, qui a été très remarquée ?
C'était la première fois que je jouais avec Imanol (Harinordoquy). Bon, Thierry (Dusautoir), je le connais bien, on a plus d'automatismes. Mais on s'est bien trouvés, on a été assez complémentaires, on ne s'est pas trop gênés sur le terrain, ça s'est bien passé.
Et vous, personnellement, comment voyez-vous votre match ?
Je suis satisfait. On a beaucoup travaillé depuis deux mois, et ça commence à payer. Cela s'est bien passé, même si je commets deux en-avants qu'il faut gommer, et que j'ai failli me faire prendre sur une montée défensive en début de match. J'avais peut-être trop envie et je voulais me rassurer très vite sur un plaquage. Cela n'a pas coûté cher, heureusement. C'est bien, mais il y a encore beaucoup de choses à travailler. Mais on est là pour ça, il faut savoir rester humbles dans la victoire, tout comme il faut savoir positiver dans la défaite.
Pensez-vous avoir marqué des points auprès des sélectionneurs ?
On verra. Il faut demander à Bernard Laporte. J'ai toujours dit qu'on était un groupe de trente. Ceux qui ont joué à Twickenham ont fait un bon match aussi. Il ne faut pas s'enflammer. Je ne me préoccupe pas de ça pour l'instant. A chaque fois qu'on me donnera l'occasion de jouer, je me donnerai à fond, comme je l'ai fait ce soir. Après on verra, si Bernard estime que j'ai marqué des points, tant mieux.
Vous êtes tout près de marquer un essai en seconde période, avant que Wilkinson n'ejecte le ballon sur le plaquage. Que s'est-il passé ?
Je ne le vois pas revenir, et je suis obligé d'allonger le bras pour marquer, sinon je suis un peu court. Le ballon est glissant, le maillot est plein d'eau, et je perd le contrôle du ballon. Heureusement qu'on marque deux minutes après. Mais ça fait partie des choses sur lesquelles il faut travailler. Ces actions-là, il faut les marquer.
Comment vous sentez-vous ? On vous a vu quitter le terrain en boitillant.
J'ai eu un début de crampe, je crois que j'ai dû mettre des crampons un peu trop long, je l'ai senti dès le début du match. La douleur est remontée dans le mollet au fil du match, mais il n'y a rien de grave.
Comment avez-vous trouvé cette équipe d'Angleterre?
Je crois qu'on les a beaucoup gênés. On les a senti très déterminés dans ce match, ils ont cherché à jouer, à envoyer du jeu alors qu'on les attendait peut-être dans un jeu plus restreint. On leur a rendu le match difficile, on les a empêché de jouer. Il faut voir pourquoi aujourd'hui (samedi, ndlr) ça s'est bien passé pour nous, et être capable de faire la même chose à Cardiff la semaine prochaine.
C'est le genre de match qu'il vous fallait pour continuer à préparer la Coupe du monde ?
Sur ce qu'on a fait, on peut construire. Quand on met autant d'agressivité et d'envie, c'est bien. On a pas pris d'essais en deux rencontres, il faut aussi le retenir. Donc même s'il y a des choses à revoir, il y a la base, et elle est solide. On sait qu'il reste des choses à travailler, mais il y a quand même la victoire au bout, donc on engrange de la confiance.
Un petit mot sur cet incroyable public marseillais.
C'était énorme, j'en ai eu la chair de poule. C'était l'émotion d'un grand match alors que ce n'était qu'un match de préparation. J'espère qu'il y aura la même chose au Stade de France, parce qu'aujourd'hui (samedi) on a vraiment joué à seize. Ils nous ont porté, et ça nous transcende, ça nous motive.»
Source L'équipe.fr 18/08/2007
http://www.parier-rugby.com/actualite-rugby/france-nyanga-le-smic.php